lundi 25 août 2014

Et quel sujet de méditations pour notre temps !


«Se tromper sur le rapport de l'homme et de la femme, n'y pas voir un rapport d'antagonisme fondamental et nier la nécessité même de cette tension éternellement hostile, rêver pour l'homme et pour la femme de droits égaux, d'éducation semblable, de mêmes prétentions et de mêmes obligations est un signe infaillible de platitude d'esprit, et un penseur atteint de platitude dans ce domaine critique qui est celui de l'instinct peut être considéré comme suspect d'une manière générale; plus même, il s'est trahi et découvert : ses vues seront sans doute trop courtes pour tout ce qui concerne les questions fondamentales de la vie, y compris celle de la vie future, et il sera lui-même incapable de la moindre profondeur. Une homme profond, par son esprit et par ses désirs, et à qui est donnée aussi cette profondeur de la bienveillance, capable de rigueur et de dureté, ce qui la fait facilement confondre avec celle-ci, ne peut raisonner sur la femme qu'en oriental : il ne peut voir en elle qu'un bien, une propriété privée, un être fait pour la domesticité et s'accomplissant dans le service, il ne peut en un mot que s'en remettre sur ce point à l'incroyable sagesse de l'Orient, à la supériorité de son instinct, comme l'ont fait un jour les Grecs, ces plus grand élèves et héritiers de l'Orient, qui, comme on le sait, d'Homère à Périclès, c'est à dire à mesure que leur puissance et leur civilisation se développaient, n'ont fait que témoigner de plus en plus de rigueur envers le femme, autrement dit n'ont fait que s'orientaliser. Combien cela était nécessaire, logique et même humainement souhaitable ! Et quel sujet de méditations pour notre temps !»

Nietzsche dans Au-delà du bien et du mal, écrit en 1886

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