Gilgamesh


Le plus ancien mythe homosexuel de l'histoire de l'humanité, bien antérieur, à l'Iliade, à l'Odyssée et à la bible, remonte à quatre mille ans. Les douze tablettes gravées, vers 2000 avant Jésus-Christ, en caractère cunéiformes akkadiens, retracent la première histoire d'amour entre deux hommes, qui a pour cadre la Mésopotamie. Le cinquième roi de la IIè dynastie sumérienne construit un mur de dis kilomètres entre les villes d'Ourouk et de Koulaba, et ses travaux de Titan lui valent l'immortalité. Les poètes, en relatant la guerre de Gilgamesh contre son rival, Agga, roi de Kish, et en chantant son combat avec le taureau céleste, transforment Gilgamesh en demi-dieu. Le beau jeune et sauvage Enkidou, vaincu par le roi en combat singulier, devient son plus tendre ami. Désormais, ils combattent côte à côte et "il l'aime et il se penche sur lui, comme on se penche sur une femme"
Au hasard de ses conquêtes, Gilgamesh refuse l'amour de la reine Isthar dans une déclaration très misogyne :

"...Quel bien aurais-je si je te prenais pour épouse ? Toi, tu n'es qu'un foyer qui s'éteint en hiver, tu es la porte ouverte qui ne protège ni du vent ni de la tempête, tu es un palais qui extermine les héros, tu es le turban qui étrangle celui qui s'en coiffe, tu es du bitume qui souille celui qui le touche, tu es une outre qui inonde son porteur, tu es de la chaux qui disjoint le mur, tu es une amulette de jade qui attire et séduit l'ennemi, une sandale qui blesse le pied... "

En revanche, l'orsqu'Enkidou meurt de maladie, Gilgamesh fait l'éloge de son ami dans un déchirant chant d'amour.
Aux origines, l'amour est une fonction physiologique, comme le fait de respirer ou de se nourrir, qui n'est pas affectée par la moindre valeur morale et qui n'a aucun lien avec la procréation. L'orgasme dépourvu de finalité créatrice, possède une signification magique. Lorsque l'amour hétérosexuel apparut comme agent de procréation, l'amour homosexuel se trouva marginalisé, mais il était cependant si profondément entré dans les moeurs que de nombreuses civilisations hériteront de ces pratiques. Les plus récentes études des ethnologues décèlent des traces d'initiation homosexuelle de jeunes garçons dans les civilisations primitives antérieures au christianisme, en Afrique chez les populations du Nigéria et du Dahomey, en Papouasie-Nouvelle Guinée, dans les îles Mélanésiennes (Fidji et Salomon du Pacifique). Dans ces tribus, le grand-père est l'initiateur de son petit-fils par pénétration anale ou fellation, deux pratiques rituelles censées infuser le sperme de l'adulte dans le cerveau de l'enfant enfin d'en faire un homme fort. Si le grand-père maternel est décédé, c'est l'oncle maternel, bien que père de famille, qui continue à servir d'initiateur à son neveu pendant trois ans. Les tribus qui ne pratiquent pas cette initiation ritualisée, institutionnalisent le travestisme. Le garçon qui ne se sent pas d'affinité pour les jeux masculins; les exercices virils, la chasse, qui préfère la cueillette, la couture et la cuisine s'habille simplement comme une fille et devient le partenaire féminin des hommes, sans s'attirer ni condamnation ni opprobre. Les premiers missionnaires qui tenteront d'éradiquer cette coutume appèleront ces travestis des bardaches. (de l'italien Bardaccio).
(Voir Hsitoire de la paternité, CNRS 1987, Jacques Dupuis)





Extrait de L'Anthologie de l'homosexualité dans la littérature de Michel Larivière aux Éditions Delétraz, Paris 1998.


Lire : Aux racines de l'énigme homosexuelle, Lévy-Valens. Éditions universitaires, 1973

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