En construction

De l'origine de la sexualité
(aussi importante dans notre évolution que la station debout et la taille du cerveau) 

Définitions préalables :


Sexe primordial : XX ou XY : le sexe est avant tout déterminé grâce aux chromosomes sexuels.
Sexe primaire : génital : se développent soit des testicules soit des ovaires. 
Sexe secondaire : physiologique : l’aspect physique par différents organes ou traits
Sexe tertiaire : comportemental : différence de comportements chez les mâles et les femelles. 
Sexe quaternaire : Gender (rôle en français) : (femme qui fait à manger, homme qui fait le bricolage) 

Remarque : 
Le sexe n’est pas homologue entre les espèces animales et végétales. Le sexe des mammifères, des oiseaux, des reptiles … n’est pas le même sexe. Le sexe est une analogie, c’est quelque chose qui se ressemble mais ce n’est pas le même sexe. Il s’agit de convergence évolutive. 
De plus, par rapport à certains autres primates, l'être humain a une particularité qui complique passablement le problème de la certitude de paternité: L'ovulation de la femme est cryptique (c'est-à-dire très difficilement détectable). Le plus souvent, chez les autres femelles de mammifères, la période de fécondité (dite œstrus) s'accompagne de signaux indiquant cette fécondité. La mesure dans laquelle l'oestrus est déclaré ou non, varie le long d'un continuum dans les espèces de vertébrés. Chez de nombreuses espèces, les mâles sont sélectionnés pour détecter ces signaux.

<<Allons plus loin : l'énigme de la sexualité c'est qu'elle reste irréductible à la trilogie qui fait l'homme : langage-outil-insititution.>> disait Paul Ricoeur dans La merveille, l'errance, l'énigme. Autrement dit, on doit constater un fait qui demeure fondamental : la sexualité est un mystère, c'est à dire que nous n'aurons jamais fini de l'étudier, de l'élucider, de la comprendre. L'explication de la reproduction sexuée(1) par les effets phénotypiques des mutations défavorables ou par la co-évaolution hôte-parasite ne repose pas sur des arguments concluants. (Weismann, Williams, Hamilton, Maynard-Smith(2), Fisher) Et une question peut venir immédiatement à l'esprit : <<pourquoi possédons-nous deux glandes génitales ?>>
Une autre question anthropologique (relationnelle) cette fois : <<L'homme est-il homme qu'en face de la femme et la femme n'est-elle femme qu'en face de l'homme ?>>
Enfin la question de ce blog est : L'énigme de la sexualité est-elle soluble dans l'énigme darwinienne (<<l'homosexualité>>) ?

(1) : En comparaison à la reproduction asexuée : la parthénogenèse. Notons qu'il en existe d'autres formes ne mettant pas en jeu les gamètes, telles le drageonnement de beaucoup de plantes, le bourgeonnement des cnidaires et des bryozoaires, la gemmulation des éponges d'eau douce, la multiplication des bactéries. Dans ce cas, les individus souches ne sont pas nécessairement femelles et la distinction même entre sexes peut n'être pas pertinente. 
(2) :  Il a eu raison de dire : <<il se peut que nous soyons passé à côté d'un aspect crucial du problème>> par rapport à l'utilité de la sexualité. 

Hypothèse :
Peut-on faire l'hypothèse que ce sont nos spécificités sexuelles qui sont à l'origine des différences physiologiques et comportementales ? 

Théorie du signal et hypothèse de l'handicap 

Les êtres humains ne sont pas des gibbons, ils ne sont pas dispersés dans la nature en couple éloignés les uns des autres de sorte que chaque femelle rencontre rarement un mâle autre que son conjoint. Le père contribue aux soins prodigués à ceux qu’ils pensent être ses enfants, alors il vaut mieux pour lui de s’assurer de sa paternité. En apportant des ressources à la femme, le mâle apporte des ressources à son jeune. La femme est plus sélective que l'homme et l'homme plus en compétition. Pour une relation à court terme, l'homme est peu sélectif. La femme beaucoup plus sélective. Pour une relation à long terme, l'homme est beaucoup plus sélectif car il va s'occuper des petits pendant des années. Les femelles humaines et toutes les autres espèces animales, sont confrontées au choix d’un partenaire sexuel sans avoir de moyens directs d’évaluer la qualité des gênes d’un mâle. Le sexe sélectionnant (femelle) détecte la qualité génétique dans le sexe sélectionné (mâle). Du point de vue de l’espèce voire de la survie, le caractère choisi par la femelle doit avoir présenté un avantage. Mais il y a un risque pour le mâle de faire la démonstration de ce caractère,  coûteux en temps et en énergie car cet « handicap » est comme un test de survie pour le mâle, cet « handicap » pouvant faire venir des prédateurs. (Zahavi, 1975; 2003) L’hypothèse de l’handicap postule qu’un comportement ou une caractéristique présentant un coût réel sera plus apprécié lors de la compétition sexuelle qu’un leurre. Seuls les signaux comportant un coût ou un handicap garantissent leur authenticité. Beaucoup de structures qui fonctionnent comme signaux sexuels (par exemple, la queue du paon) sont si grandes ou si voyantes qu’elles doivent effectivement nuire à la survie de l’individu qui les porte.
En considérant la religion comme une adaptation avec des rituels, la religion peut illustrer cette théorie. Les rituels seraient des signaux publics, difficile à simuler, montrant que l’implication de l’individu est sincère pour le groupe. 
Grafen (1990) propose un modèle stable à propos de l’hypothèse de l’handicap : q est la qualité génétique du mâle, a est la qualité du mâle qui peut être observée, p est la perception de la femelle des deux autres variables. En conséquence, la fitness est égale à w(a, p, q). L’évolution de ces trois variables a mis en place différentes stratégies de démonstration (advertizing) avec le moindre coût. 
Un signal ne comportant aucun coût peut s’avérer une tricherie, mais le modèle revient à son équilibre si une stratégie concurrente s’immisce. (McElreath & Boyd, 2007)
Faut-il encore échapper aux conséquences éventuellement mortelles des prises des risques; Melvin J. Konner (1990) se pose la question : « Pourquoi les imprudents survivent ? » Il est vrai par exemple que la toxicomanie et l’alcool se sont répandues de façon notable dans nos sociétés industrielles. Jared Diamond (2000) se pose même la question de savoir si nous serions « inconsciemment programmés pour faire quelque chose que nous savons être dangereux. » 
L’explication évolutionniste de l’usage des toxiques (dont la publicité d’alcool est rendue plus visible en France, Bègue, 2015) réside dans les signaux dangereux pour la survie des individus concernés. Les mâles ayant réussi à survivre en dépit d’un « handicap »  ont du nécessairement résister aux parasites, posséder de bons gênes et par ailleurs être doué pour échapper aux prédateurs. 

Le conflit entre sexes

En raison de ce qui précède, dans la plupart des cas, les préférences des femelles et les intérêts des mâles divergent, et ce conflit d'intérêts a de profonds impacts: il a mis en place évolutivement une course aux armements entre les mâles, qui veulent forcer les femelles à se reproduire avec eux de manière non discriminative, et les femelles, qui veulent éviter cela et pouvoir choisir.

Références 

Bègue, L. (2015, 12 juin). L’alcool ne doit pas occuper un espace médiatique encore plus grand. Le Monde. Repéré à http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/06/12/n-autorisons-pas-l- alcool- a-occuper-un-espace-mediatique-encore-plus-grand_4652992_3232.html  

Diamond, J. (2000). Le troisième chimpanzé. Essai sur l'évolution et l'avenir de l'animal humain. Gallimard, col. NRF Essais, Paris. (pp.350) 

Grafen, A. (1990), Biological signals as handicaps, Journal of Theoretical Biology, 144, 517-546.

Konner, Melvin J. (1990). Why the Reckless Survive and Other Secrets of Human Nature, New York, Viking.

McElreath, R., & Boyd, R. (2007). Mathematical Models of Social Evolution: A Guide for the Perplexed. Chicago: University of Chicago Press.

Zahavi A. (1975). Mate selection_A Selection for a handicap. Tel-Aviv University, Israel
(2003). Indirect selection and individual selection in socio-biology : My personal views on theories of social behavior, Animal Behaviour, 65, 859-863


Fabrice Luchini dans l'émission On n'est pas couché le 28 mars 2015 parlant de sa fille. 

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