"C'est parce-que le sexe est aussi affaire de rôle que le terme de genre s'est déplacé du champ grammatical en direction du champ des sciences sociales; en distinguant le rôle social d'un côté et le sexe de l'autre, Margueret MEAD, anthropologue américaine, qui proposa une étude des sexes dans un monde changeant, en 1949, ouvre la voix au concept de rôle de genre, utilisé cette fois par le psychologue John MONEY qui donne au terme une conception académique désignant les différences socialement construites entre hommes et femmes. C'est ensuite que les ennuis* arrivent, à la dimension constructive du genre vient s'ajouter une dimension identitaire, ce glissement de rôle de genre à l'identité de genre laisse entendre que celui-ci non seulement serait un outil de classement au sens quasi biologique du terme, une façon d'inscrire un individu dans un groupe en fonction de ses pratiques et de ses désirs mais renverrait en plus à une substance, une substance fixe au point de pouvoir être inscrite sur la carte d'identité**"
Introduction de l'émission France culture, Mélange de genres (24 novembre 2014)
*Notamment l'affaire MEAD-FREEMAN au sein de l'association anthropologique américaine.
**Par exemple, en Argentine, les citoyens(nes) peuvent déclarer le sexe de leur choix depuis 2010

Avant, dans la même émission, Judith BUTLER racontait : "Quand on voit un homme qui se comporte comme une femme, on se dit :"ah, mais c'est un homme" et donc cette prestation en tant que femme, ça nous amène dans l'irréel, on est dans le domaine de la pure apparence simplement, or que se passe-t-il si cette prestation transforme effectivement ce que nous entendons par masculin ou par féminin et pourquoi pas imaginer aussi que notre vie quotidienne passe par une certaine exécution-prestation du genre de notre part, je ne pense pas simplement à l'habillement et vêtement, il y a toute l'attitude corporelle par rapport aux autres qui est en jeu que le genre en tant que normes n'est pas re-construit, re-modelé complètement par ces différentes prestations publiques que j'évoquais, si on croit que le genre est historique, qu'il est fabriqué, alors on doit se demander comment il est fabriqué et quels sont les rituels au quotidien qui participent, quels sont les actes au quotidien qui nous permettent de produire et de reproduire le genre en tant que catégorie et moi je suis nettement opposée à ce qui disent qu'il y a une loi de la différence sexuelle qui serait transculturelle, fondamentale et qui existe au préalable à la création de tous êtres humains, moi je pense que le genre est un terme qui doit nous permettre d'englober également ce que l'on prend effectivement comme loi naturelle mais socialement modifiable"
Le genre crée le sexe, vraiment ?
D'où la notion de "performance" du genre... L’essentiel n’est pas être, c’est "jouer à" !
restituée de J.L. AUSTIN et John SEARLE
Ce que nous pouvons dire à l’heure actuelle est que la théorie du genre(1) reste une théorie parmi tant d’autres. Il n’est pas prouvé scientifiquement au sens strict que le genre est purement le fruit d’une construction sociale de même qu’il n’est pas prouvé qu’il soit dénué de déterminants biologiques. Elle a cependant vocation à s’universaliser. Le genre est en réalité une promesse conceptuelle. Alors que l’égalité est devenue un opérateur de pensée. Vers une société unisexe(2) ?
(1) B. LEVET, La théorie du genre, ou le monde rêvé des anges, (2014) Éd. Grasset
A. EMMANUELLE BERGER, Le grand théâtre du genre, (2013) Éd. Belin
(1 Bis) «Il n’y a pas de débat sur la théorie du genre, on l’a dit à plusieurs reprises, aucun. Par contre, bien entendu, il faut lutter contre toutes les discriminations, à la fois de race, religieuse, et de l’orientation sexuelle, car elles causent de la souffrance.» Vincent Peillon le 29 mai 2013
À LIRE : (à propos de la traduction de "gender")
L'identité de genre (Unger, 1979) fait référence quant à elle au sexe social et psychologique. À l'inverse de l'identité sexuelle, l'identité de genre exclut d'emblée la dimension sexuelle ainsi que la dimension biologique dans son acception la plus restrictive. Il sera alors question dans ce chapitre d'identité sexuée : notre intérêt se portera sur la conformisation aux rôles institués culturellement, tout en prenant en considération la dimension biologique qui mobilise de la part de l'environnement social des représentations, des attentes et des conduites différenciées à l'égard des garçons et des fille dans chaque culture.
RépondreSupprimerExtrait du Traité de psychologie sociale sous la direction de L. Bègue et O. Destichard, (2013) Chapitre 6 - Identité sexuée, Gaïd Le Mkner-Idrissi, Université Rennes 2; Stéphanie-Barbu, Université Rennes 1
Toujours dans France Culture, l'émission du 18 juillet 2015 titrée : "Les jeunes face aux identités masculines et féminines." a nagé dans le plein délire. À écouter grâce au lien suivant : http://www.franceculture.fr/emission-le-bel-age-les-jeunes-face-aux-identites-masculines-et-feminines-2015-07-18
RépondreSupprimerEn novembre 2006, un séminaire réunissant des experts internationaux en droits humains a eu lieu à l’Université Radjah Mada de Jogjakarta, en Indonésie. De ce séminaire naissent les principes de Jogjakarta qui énumèrent une série de principes sur l’application du droit international des droits Humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre. C’est dans ce contexte qu’est donné pour la première fois dans un texte officiel la définition de l’identité de genre. «L’identité de genre est comprise comme l’expérience intime et personnelles de son genre profondément vécue par chacun, qu’elle corresponde ou non au sexe assigné à la naissance, y compris la conscience personnelle du corps (qui peut impliquer, si consentie librement, une modification de l’apparence ou des fonctions corporelles par des moyens médicaux, chirurgicaux ou autres) et d’autres expressions du genre, y compris l’habillement, le dissous et les manières de se conduire.»
RépondreSupprimerLa compréhension de l’identité de genre permet de mettre en exergue les discriminations dont sont victimes les personnes trans et intersexe. Mais l’identité de genre concerne tout le monde puisqu’elle définit qui nous sommes, notre singularité, au travers de notre vécue et de notre ressenti. Par conséquent, les mécanismes de discrimination touchant à l’identité de genre impactent sur chacun d’entre nous car ils influencent de façon déterminante la construction de nos identités…
Commissaire aux droits de l’Homme du conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg, publie en 2009 un document intitulé : Droits de l’homme et identité de genre, dans lequel il formule douze recommandations aux États membres appelant à respecter les droits humains en matière d’identité de genre. les états sont ainsi invités à « mettre en oeuvre les normes internationales des droits de l’homme sans distinction et interdire expressément la discrimination fondée sur l’identité de genre dans la législation nationale anti-discrimination.