Un courant de pensée qui ne passe pas

Le féminisme aura raison des femmes.(1)

Le féminisme n'admet pas la notion de système ni celle de la société de classes, ni celle du prix de la fiancée. 

<<Dans The end of men (La fin de l'homme), une Américaine explique comment les femmes ont conquis le monde du travail devant des hommes tétanisés; >>

La guerre des sexes(1Bis) est terminée : les femmes l’ont gagnée

Le Point.fr - Publié le 22/02/2013

«Quels enjeux inséparablement politiques et scientifiques portent des notions comme "coûts de la masculinité" ou "rôles de sexe" ? Côté scientifique, l'enjeu est clair : il s'agit de poursuivre le travail de déconstruction de la domination masculine en montrant que celle-ci n'a rien de naturel.» 

Extrait de Boys, don't cry sous la direction de Delphine DULONG, Christine GUIONNET et Érik NEVEU

Il est fréquent d'entendre des mots en <<-isme>> comme racisme, sexisme, républicanisme, etc,... Les deux premiers mots sont utilisés comme synonymes de préjugés mais sont-ils la même chose ? Comme l'a noté Olivier Cox (1948), <<si les croyances, en-elles mêmes, peuvent subjuguer les gens, les croyances que les nègres ont à propos des blancs devraient être aussi influentes que celles que les blancs ont à propos des nègres>>(2)

Que sont alors ces -ismes ? Même si les -ismes peuvent être basés sur des préjugés, ils vont au-delà pour englober un système de croyances ou une idéologie basée sur la supériorité d'un groupe, sa domination et un ensemble de comportements qui reflètent ce système de croyances. Les -ismes ont plusieurs caractéristiques définitoires (3). 

Par exemple le racisme est basé sur le désir de dominer et de contrôler les membres des autres groupes raciaux. Une condition de base du racisme est donc que le groupe auquel les racistes appartiennent ait le pouvoir sociétal de définir les catégories raciales et d'établir et maintenir des lois et des normes sociales basées sur la race. La classification raciale étant arbitraire (culturelle) (4), cela requière un système sous forme de lois notamment. La seconde caractéristique du racisme est la croyance en la supériorité "naturelle" habituellement basée sur la biologie, du groupe auquel appartiennent les racistes. Notons que le racisme scientifique possède toujours ses partisans (5).

Une autre caractéristique est que le comportement raciste vise à rabaisser ou harceler les membres des autres groupes. Les discriminations dites de "genre" ne sont autres que le résultats des stéréotypes sexuels (par exemple dans la publicité (6)) basés sur la différence sexuelle qui elle, est bien naturelle ! D'où l'erreur magistrale d'Elsa Dorlin dans Sexe, race, classe (2009)(7).

Le féminisme est devenue un élément de notre culture à part entière à la suite des courants chronologiques suivants : pythagorisme, atomisme, sophisme, cynisme, épicurisme, stoïcisme, scepticisme, humanisme, rationalisme, empirisme, romantisme, républicanisme-libéralisme, biologisme, utilitarisme, marxisme, positivisme, existentialisme, structuralisme, égotisme, féminisme(8) et sadisme(9)? - vers l'écologisme ? 

Pour preuve flagrante de notre époque féministe(10), voir le spectacle de Florence Foresti intitulé Madame et celui de Jean-Marie Bigard intitulé Nous les femmes !
Pour penser avec une autre approche, lire Capabilités : Comment créer les conditions d'un monde plus juste ? (2012) de Martha Nussbaum chez Flammarion Climats [« Creating Capabilities: The Human Development Approach »]

(1) : Les dirigeantes féministes veulent des hommes prestigieux. (Ellis, 1992)
(1Bis) : La Guerre des sexes est aussi une comédie“All Tied Up" produite en 1994 par J. M. Robinson

(2) : Cox, O.C. (1948) Caste, class, and race. New York : Monthly Review Press. (pp.531)

(3) : Jones, J.M. (1997). Prejudice and racism (2nd ed.). New York : McGraw-Hill.

     Operario, D., & Fiske, S.T. (1998) Racism equals power plus prejudice: A social psychological  equation  for racial oppression. In J.L.Eberhardt & S.T. Fiske (Eds)., Confronting racism : The  problem and the response (pp. 33-53). Thousand Oaks, CA: Sage. 

(4) : Smedley, A. (1999). Race In North America: Origin and evolution of a worldview (2nd ed.) Boulder, CO : Westview

(5) : Tucker, W.H. (1994). The science and politics of racial research. Urbana: University of Illinois Press. 

(6) : Devine, P.G., & Monteith, M.J. (1999). Automaticity and control in stereotyping. In S; Chaiken & Y. Trope

(Eds.), Dual-process theories in social psychology (pp. 339-360). New York : Guilford. 

(7) : Sexe, genre et sexualités sorti l'année avant en 2008 chez Puf, « Philosophies » est aussi un livre d'Elsa Dorlin dans lequel une définition du féminisme est proposée et vaut le détour : "tradition de pensée, et par voie de conséquence les mouvement historiques, qui au moins depuis le XVIIème siècle, ont posé selon des logiques démonstratives diverses l'égalité des hommes et des femmes, traquant les préjugés relatifs à l'infériorité des femmes ou dénonçant l'iniquité de leur condition" (p: 9) 

(8) : Dans le même style que Dorlin, un ouvrage collectif chez Presse de Science PO est sorti en 2010; Le sexe de la mondialisation, Genre, classe, race et nouvelle division du travail.
(9) : «Pornographie, égotisme, contestation de toute loi, acceptation du darwinisme social, instrumentalisation de l'autre : notre monde est devenu sadien. Il célèbre désormais l'alliance d'Adam Smith et du marquis de Sade» extrait de La cité perverse : Libéralisme et pornographie de Dany-Robert Dufour (2009). Éditions Denoël. 
(10) : Dans la gauche française, le féminisme est questionné : http://www.marianne.net/laicite-droit-femmes-trop-reculs-denonce-guen-100239555.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&utm_campaign=Echobox&utm_term=Autofeed